Qualité d’eau et poissons acidophiles

Qualité d’eau et poissons acidophiles

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Pour les néophytes, ce terme de « qualité de l’eau » pourrait être assimilé à la seule propreté de l’aquarium. Or, même si l’hygiène influe effectivement, ce n’est pas l’unique paramètre qui entre en compte, loin de là…

Nous n’allons pas décrire ici l’ensemble des phénomènes physico-chimiques qui régissent l’aquarium. D’ailleurs, nous vous rappelons que nous avons justement le Hors-Série n°20 « Bien débuter en aquariophilie », qui traite pleinement de ce sujet :

https://www.aquariumalamaison.com/hors-series-a-lunite/317-hors-serie-n20-bien-debuter-en-aquariophilie.html

On ne va toutefois pas se priver de vous donner un bref aperçu des valeurs à connaître dans cet article.

 

Les paramètres principaux

 

Il s’agit d’insister ici sur la nécessité de non seulement contrôler les principaux paramètres, mais aussi de bien évaluer leurs valeurs pour mieux choisir quels poissons pourront vivre dans votre aquarium. Ou alors, mieux, adapter les valeurs pour accueillir les poissons dont vous rêvez !

Pour rappel, il existe des tests très simples d’utilisation (à gouttes pour plus de précision ; ou à bandelettes pour plus de simplicité et de rapidité). Aujourd’hui, on trouve même divers appareils électroniques à prix abordable pour une précision ultime. Vous allez ainsi connaître les différents paramètres de votre eau. Typiquement, on retrouve les tests pour mesurer :

-Le pH ; les aquariophiles maintiennent la plupart des poissons avec un pH entre 6,5 et 7,8 pour la plupart des espèces courantes. Il s’agit ici de valeurs générales qui peuvent être inférieures ou supérieures, selon des cas plus spécifiques. Des exemples ? Le gourami chocolat (Sphaerichthys osphromenoides) que certains amateurs conservent à un pH parfois de 5,5 seulement. À l’opposé, les Cichlidés des lacs Malawi et Tanganyika, qui vivent dans des eaux affichant un pH souvent supérieur à 8,0.

-Les duretés (carbonatée avec le KH en degrés allemands ; et totale avec le GH en degrés allemands, aussi). C’est seulement dans les cas les plus extrêmes qu’on maintient un KH proche de 0 et pour de très rares espèces que vous n’allez certainement pas acquérir en débutant (de toute manière, elles sont rarement disponibles dans le commerce). Mais pour stabiliser l’eau, mieux vaut avoir un KH toujours supérieur à 2 ou 3°. Quant au GH, il oscille souvent entre 5 et 15 °, encore une fois selon les poissons accueillis. Parmi les espèces « classiques » d’eau très douce, il y a le néon bleu (Paracheirodon innesi) ou encore le nez rouge (Petitella bleheri), dont le KH et le GH sont souvent proches de zéros en milieu naturel. Inutile cependant d’arriver à de telles extrêmes en aquarium, car pour une simple maintenance, ils peuvent tolérer des valeurs bien supérieures. Et chez les poissons d’eau plutôt dure, il y a le molly velifera (Poecilia velifera). Dans ses biotopes, l’eau est souvent à près de 20 °GH.

-Les nitrates (NO3) ; ils doivent se situer sous 25 mg/l en bac planté (et moins en bac non planté).

-Éventuellement les phosphates (PO4) ; avec un taux le plus bas possible.

-Et enfin les nitrites (NO2) ; leur taux doit toujours être à zéro.

 

Les poissons acidophiles

Le discus (Symphysodon aequifasciatus) est un poisson typiquement acidophile, préférant donc une eau douce et acide. Surtout pour les sujets sauvages !

Photo : Fanny Mauer

 

Parmi les divers poissons que vous pouvez trouver en aquariophilie, un nombre important provient à l’origine de régions où l’eau est très peu minéralisée. Dans les ruisseaux, rivières et lacs des forêts primaires, celle-ci se retrouve même parfois très fortement acidifiée par les divers végétaux en cours de dégradation. Dans les marais de tourbières de Bornéo, certains poissons vivent avec un pH d’à peine 4,5 !

On distingue quelques grandes régions géographiques :

-Amazonie

-Forêts primaires d’Afrique occidentale jusqu’au bassin du fleuve Congo

-Asie du Sud-Est, incluant l’archipel indonésien (Java, Bornéo) et les îles avoisinantes.

La plupart (mais pas tous !) des poissons issus de ces régions évoluent donc dans une eau douce et acide. Cependant, grâce à plusieurs générations d’élevage, on remarque que beaucoup sont capables désormais de tolérer des paramètres s’éloignant de leurs conditions naturelles… et même de se reproduire dans une eau que leurs ancêtres n’auraient pas supportée longtemps !

 

Il n’empêche que certains poissons, continuent à être exigeants sur la qualité de l’eau. C’est le cas notamment du discus (genre Symphysodon). On voit aujourd’hui que les variétés « Pigeon Blood » ou autres sont capables de vivre et de se reproduire dans une eau relativement alcaline et légèrement dure. En revanche, vous risquez de ne pas tenir longtemps des discus sauvages et les premières générations qui en découlent (notées habituellement F1, F2… le n° indiquant le nombre de générations depuis les ancêtres sauvages). Le Ramirezi (Mikrogeophagus ramirezi) est un autre exemple. Si les formes de sélection semblent moins exigeantes, une eau douce et acide reste toujours préférable.

 

Quelles valeurs à avoir en aquarium ?

 

Même pour les espèces acidophiles, il n’est pas forcément nécessaire d’avoir des paramètres extrêmes. Car dans une eau trop douce et trop acide, et surtout en aquarium planté, vous risquez un phénomène d’acidose durant la nuit. C’est durant cette période que les plantes vont relâcher le CO2 et faire chuter brutalement le pH ! Car si le KH a une valeur inférieure à 2-3 °, il n’est plus en mesure de stabiliser le pH. Donc, même avec des discus sauvages, on préfèrera conserver au moins un KH de 2°.

Pour une simple maintenance, sans forcément tenter la reproduction des poissons accueillis, on vous conseille la plage de paramètres suivants pour la plupart des espèces acidophiles :

pH : 6,3-6,8 ; KH : 3-5 ° ; GH : 6-12 °

La température est très variable selon les poissons que vous avez. Par exemple, les espèces du rio Negro (Amazonie) apprécient souvent une valeur de 26-30 °C. Alors que pour les poissons du couvert forestier de la forêt africaine équatoriale, c’est plutôt 24-26 °C. Mais pas toujours ! Donc, renseignez-vous systématiquement sur les données concernant le milieu naturel de vos protégés.

 

De toute manière, si vous débutez, on vous déconseille d’accueillir des discus, et encore moins sauvages. Cependant, si vous êtes déjà un amoureux des bacs-biotopes, vous voudrez sans doute vous rapprocher des valeurs rencontrées en Amazonie ou en Afrique de l’Ouest par exemple. Conserver ses poissons en eau douce et acide, c’est aussi, pour les espèces originaires de ces régions, s’assurer de leur viabilité pour une éventuelle future reproduction. C’est par exemple le cas de bien des tétras, dont la masse ovarienne de la femelle se calcifie si on la maintient trop longtemps en eau dure. Elle ne peut alors plus produire d’œufs viables.

Donc, petite astuce : si vous souhaitez par exemple faire un jour reproduire des néons roses (Hemigrammus erythrozonus) ou même des serpaes (Hyphessobrycon eques), pas trop difficiles, conservez-les dès leur arrivée chez vous dans une eau plutôt douce et acide : pH 6,5 et dureté totale inférieure à 8-10 °. Et laissez-les d’abord se reproduire en bac d’ensemble, sans récupérer les pontes. Comme ça, les œufs non viables auront été expulsés depuis longtemps !

 

Mon eau est très « calcaire ! »

 

Vous avez mesuré l’eau de votre aquarium, et les résultats sont catastrophiques. Comment donc changer ça ?

Soit en achetant de l’eau douce en bouteille pour remplir partiellement votre aquarium (la Mont Roucous ou encore la Volvic sont connues pour être douces et légèrement acides). Mais cela risque de vite devenir très cher, surtout si vous avez un grand aquarium !

Soit en achetant de l’eau osmosée chez votre détaillant aquariophile. Si vous avez de la place, vous pouvez carrément acheter un appareil à osmose inverse (le fameux osmoseur) pour produire vous-même cette précieuse eau. Avec un appareil de qualité, vous aurez une eau à la dureté nulle (KH et GH : 0 ° !). Bien sûr, hors de question d’avoir ces paramètres en aquarium. Donc vous la mélangerez avec un peu d’eau du robinet jusqu’à obtention des valeurs désirées.

Certains préfèrent carrément utiliser uniquement de l’eau osmosée et reminélariser avec des produits adaptés. Il existe par exemple des « sels pour discus » et autres poissons acidophiles. L’avantage étant que l’osmoseur va retenir tous les polluants (et notamment les nitrates) et donner une eau très « pure ». Les sels permettent ensuite de remonter KH, GH et par conséquent pH.

 

Ultime conseil

 

Avant tout achat de poissons, renseignez-vous toujours sur la qualité de l’eau en milieu naturel des espèces désirées. Assurez-vous bien qu’elles sont non seulement compatibles au niveau comportemental, mais aussi de la qualité de l’eau ! Une fois votre projet de population réalisé, il vous faut alors travailler votre eau pour qu’elle soit dans la plage de valeurs tolérées par tous les poissons accueillis chez vous.

 

Vous voilà prêt !

 

Philippe Chevoleau

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi lire l'article "Bien débuter" du n°142 de L'Aquarium à la maison : "pH et dureté, prenez le contrôle de votre eau". Ce n° est à la vente en ligne (frais de port offerts) sur notre boutique :

https://www.aquariumalamaison.com/le-magazine/369-aquarium-a-la-maison-n-142-novembre-decembre-2020.html

 

Pour pouvez acheter en ligne le Hors-Série n°20 « Bien débuter en aquariophilie » ici (frais de port offerts) :

https://www.aquariumalamaison.com/hors-series-a-lunite/317-hors-serie-n20-bien-debuter-en-aquariophilie.html

 

 

 

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